Ce qu’il faut savoir sur la réforme du collège

La réforme du collège, tout le monde en parle mais personne ne sait vraiment de quoi il s’agit précisément. Elle a pour but de permettre à tous de mieux apprendre pour mieux réussir. Je vous fais un petit récapitulatif des mesures phares et vous donne mon avis sur son efficacité.

Image réforme du collège

Un constat qui met tout le monde d’accord : il y a urgence à réformer

Aujourd’hui, le collège ne garantit plus l’acquisition des connaissances de base.  En 10 ans, les élèves français ont régressé en français, en maths, en histoire : les évaluations nationales et internationales sont sans appel. Pire encore, le collège aggrave la difficulté scolaire, particulièrement dans les disciplines fondamentales. 

Sur l’apprentissage des langues, en 2008, lors du TOEFL (Test of English as a Foreign Language), les candidats français (en fin de lycée) arrivent tout juste au niveau attendu. La France se classe au 69e rang du classement mondial (109 pays).

Les principales mesures de la réforme du collège

  • La création des EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires): une nouvelle pratique pédagogique pour que les élèves s’approprient mieux les connaissances.
    • Les EPI permettront aux élèves de comprendre le sens de leurs apprentissages en les croisant, en les contextualisant et en les utilisant pour réaliser des projets collectifs concrets.
    • Ces projets s’inscriront dans l’un des huit nouveaux thèmes de travail correspondant aux enjeux du monde actuel : développement durable; sciences et société; corps, santé et sécurité; information, communication, citoyenneté; culture et création artistiques; monde économique et professionnel; langues et cultures de l’Antiquité; langues et cultures régionales et étrangères.
    • Ces temps de travail sont des moments privilégiés pour mettre en œuvre de nouvelles façons d’apprendre et de travailler pour les élèves. Ils développeront l’expression orale, l’esprit créatif et la participation.
    • Les projets sont pris en charge par les enseignants de toutes les matières qu’ils sollicitent. Ils définissent en équipe les contenus des cours.

Mon avis : les EPI sont une excellente façon de faire rentrer les intelligences multiples et les nouvelles façon d’apprendre au collège et donc de favoriser la réussite et la motivation de tous. Problème : comment fait-on dans les collèges ou les professeurs n’auront pas envie de s’investir dans ces nouveaux formats de cours très innovants et très éloignés de ce qu’ils ont l’habitude de faire?

  • La LV1 enseignée dès le CP, la LV2 dès la 5e.

Mon avis : La LV1 dès le CP, c’est indispensable. La LV2 pour tous dès la 5ème, c’est bien mais pourquoi en profiter pour supprimer les classes bi-langues qui permettaient justement de conserver dans des collèges de quartier de bons élèves et de tirer tout le monde vers le haut ?

  • Créer plus de temps d’accompagnement personnalisé pour tous les élèves.
    • En 6e, tous les élèves auront 3 heures d’accompagnement personnalisé afin que la transition école-collège se fasse dans les meilleures conditions. On y fera acquérir plus explicitement les méthodes : prendre des notes, apprendre une leçon, faire des révisions, comprendre et rédiger un texte écrit, faire une recherche documentaire, etc.
    • En 5e, 4e et 3e, les élèves auront au minimum 1 heure d’accompagnement personnalisé permettant l’explicitation des attendus, l’approfondissement, l’entraînement, la construction de l’autonomie.

Mon avis : les temps d’accompagnement personnalisés sont une bonne initiative. En revanche, ils ne doivent pas se faire au détriment des matières fondamentales qui doivent rester la priorité et surtout, ils nécessitent une vraie formation des enseignants pour que ces temps soient efficaces.  Comment va-ton intégrer dans l’emploi du temps 3 heures supplémentaires en 6ème ?

  • Donner de plus grandes marges d’initiative aux enseignants : 20 % du temps consacré aux nouvelles modalités d’enseignement.

Mon avis : c’est une bonne idée de donner plus de latitude à ceux qui connaissent le mieux leurs élèves mais cela ne risque t-il pas de créer des différences encore plus fortes que précédemment entre les collèges ou des professeurs convaincus joueront le jeu avec plaisir et conviction et les autres….

En conclusion, la confiance dans la capacité des équipes pédagogiques et éducatives à définir les réponses aux besoins de leurs élèves est une des clés de la réussite de cette réforme.

Elles disposeront d’une réelle capacité d’initiative. Au total, les nouvelles modalités d’enseignement (les enseignements pratiques interdisciplinaires, l’accompagnement personnalisé et le travail en petits groupes) représenteront 20 % du temps des enseignants qu’il leur reviendra d’organiser (en conseil pédagogique) en fonction des besoins des élèves. Pour l’apprentissage des élèves, ils représenteront 4 à 5 heures chaque semaine.

Je crains que, loin de gommer les différences, cette réforme ne les renforce encore davantage. Une certitude en tout cas : l’adhésion des enseignants est un pré-requis non négociable !